Je tenais à rendre un petit hommage aux
Bâuls,
ces poètes musiciens
qui vagabondent à travers le Bengale et l’Inde
en clamant leurs joies,
leurs peines,
et leur liberté inconditionnelle.
Un concert inoubliable
aux ‘Vénerie’ de Watermael-Boitsfort
où
le temps
… pendant la magie de ces chants transcendants
nous fit oublier la pesanteur terrestre !
Le mot « Bâul »
vient d’un mot sanskrit qui signifie ;
« celui qui est emporté par le vent »
Ni pieux, ni incroyant, sans être assujetti à une religion particulière
(leur quête divine ignore les conventions, les dogmes et les rituels), le Bâul embrasse divers courants spirituels :
le bouddhisme tantrique, le soufisme et l’indouisme.
Le Bâul ne croit en rien d’autre qu’en l’homme
où réside déjà le « joyau »,
l’Essence divine.
… Les Bâuls vagabondent, afin de mieux manifester les aspirations de leur cœur et
transmettre leur ‘folle sagesse’.
Pour cela, utilisent depuis des temps immémoriaux des moyens très simples.
Le chant, la musique et la danse.
La danse est le ‘yoga’ du Bâul,
La musique sa méditation,
Le chant sa prière.
Quand le Bâul danse les nuits de pleine lune,
son corps flotte dans la lumière lunaire de krishna.
Oublieux du poids du monde, il virevolte,
ravi par son propre mouvement.
Son tournoiement fait écho à ceux
de ses frères derviche
(clin d’œil à ceux qui on eu le privilège d’assister à la Sufi Night
comme moi au Beaux-arts à Bruxelles cet été,
… je ferais un petit article …) ;
il évoque la danse des étoiles.
Le corps humain, microcosme, contient tout l’univers : le soleil, la lune, les planètes, les montagnes, les rivières, les plaines, la nature toute entière …
« L’existence dans un corps humain est un rare privilège que même les dieux nous envient ! »
affirment - ils.
S’ils dansent ce n’est pas pour se donner en spectacle mais pour se donner à la ‘Joie. Leur musique et leurs chants obéissent à la seule loi de l’embrasement !
En chantant, ils s’enchantent eux-mêmes.
Ces ‘vrais’ chanteurs cherchent un dialogue libre, direct et intime avec Dieu …
Quoi mieux que la musique transporte à la fine pointe de soi-même, fait affleurer les émotions les plus rares et défie la raison ?
« O mon esprit, mon esprit fou
Pourquoi, mon esprit, bavardes-tu autant ?
Qui suis-je, qui es-tu mon esprit ?
Je ne te comprends toujours pas.
Mon esprit fou, pourquoi bavardes-tu autant ?
Je te dis : va dans le bon chemin,
Mon esprit, tu veux faire cavalier seul,
Mon esprit fou, pourquoi bavardes-tu autant ?
Si mille grammes font un kilo
Mon poids est le poids de mon esprit.
Si mon esprit n’est pas en accord
Je ne trouverai pas le trésor ;
O esprit fou, pourquoi bavardes-tu autant ? »
- (Anonyme)-
CHANT DE PERFECTION
Je ne suis ni pieux ni incroyant.
Je ne vis ni par les lois ni par les sens.
Je ne suis ni orateur ni auditeur.
Je ne suis ni maître ni serviteur.
Je ne suis ni détaché ni attaché.
Je ne suis loin de personne,
Je ne suis prés de personne,
Je suis.
Je n’irais ni en enfer ni au paradis
J’exécute les travaux sans être lié par aucun.
Peu comprendront ces paroles :
Celui qui les comprend est stable.
Etabli dans le Soi.
Kabîr ne cherche ni à faire ni à défaire.
- Kabîr-
Castor